La motivation, ça se mérite

Avant, quand on me présentait le prochain incentive, j’avais tendance à devenir grincheux. Au fil des années, j’ai travaillé pour quelques entreprises qui étaient plus douer pour manier le bâton que la carotte. Dans ces boîtes old school, on nous demandait de nous donner à fond mais on donnait très peu en contrepartie. Et se donner à fond pendant une semaine pour remporter en définitive une prime misérable, ça peut être passablement désagréable. La société pour laquelle je travaille aujourd’hui semble heureusement avoir lu quelques articles sur le management. Parce que quand elle met en place un challenge commercial, la dotation est à la hauteur de l’effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec plaisir que je reçois les nouveaux challenges, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que, l’année dernière, j’ai déjà remporté un iPhone, un rameur, des places VIP pour des matchs de foot… Si je me satisfaisais déjà de ces avantages, il y a deux mois, j’ai néanmoins décroché le pompon : un voyage d’une semaine aux Bahamas ! Pourtant, au départ, je dois avouer que je n’étais pas vraiment emballé à l’idée d’y aller. Si j’avais eu le choix’aurais de loin préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce qu’il s’agissait d’un voyage entre collègues, bien sûr (histoire de renforcer les liens dans l’entreprise, ce genre de choses). Le postulat m’embarrassait un peu. Un voyage entre collègues, ce n’est pas tout à fait du boulot, mais ce n’est pas des vacances non plus. J’imagine que c’est la même chose dans votre travail : on ne se comporte pas au travail comme on se comporte chez soi. Il y a un rôle à jouer, le rôle du type qui se lâche parce que c’est ce qu’il est censé faire, mais tout en prenant attention à se faire voir de telle ou telle manière, étant donné que les collègues sont à portée d’oreilles. Enfin, ça, c’est ce que je pensais avant d’y aller. Parce qu’une fois sur place, j’ai surtout pris conscience qu’un trip entre mecs, parfois, ça permet aussi d’être naturel. Quoique d’un naturel très différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai eu mal au crâne au cours de mon séjour, mais de temps à autre, ça fait tout de même un bien fou. Je craignais que les activités qu’on nous propose sur place soient une compilation d’activités faussement authentiques. Vous avez déjà certainement dû supporter ce genre de choses : vous vous retrouvez coincé dans une activité où tout sonne creux : les personnes, les costumes, et même les sourires. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment durant certains voyages, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, là aussi, su tirer son épingle du jeu : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé de bout en bout, et nous a concocté un voyage vraiment authentique. Si celui-ci était au final assez riche, ça a été un vrai bonheur : ce n’était pas un séjour touristique (le colon parmi les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et les autres collègues. Je craignais surtout que les activités prévues sur place soient consternantes. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été créée par un moniteur de centre aéré qui n’a pas compris qu’il avait affaire à des adultes. Ma société a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a non seulement satisfait ses collaborateurs grâce à ce voyage et a également permis à ces derniers de resserrer leurs liens. Et c’est là que je me dis que je suis d’une certaine manière arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais d’enseigne comme de chemise. Aujourd’hui, je ne regarde même plus regarder ailleurs. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de se sentir en paix.